De la démocratie en Amérique par Alexis de Tocqueville Membre de lâInstitut Douzième édition, revue, corrigée et augmentée dâun Avertissement et dâun examen comparatif de la démocratie aux États-Unis et en Suisse Paris, janvier 2012 Institut Coppet www.institutcoppet.org Cette Åuvre est diffusée sous licence Creative Commons Les select-men, sont élus tous les ans au mois dâavril ou de mai. Ils préfèrent laisser sâen occuper le « seul représentant visible et permanent des intérêts collectifs, qui est lâEtat ». Nous verrons, lorsque nous parlerons de lâadministration aux Ãtats-Unis, comment et par qui les communes, dans tous ces différents cas, sont contraintes à lâobéissance. Il y a un magistrat qui remplit près des tribunaux ordinaires quelques-unes des fonctions du ministère public. Voyez la loi du 28 février 1787, vol. Cela seul fait comprendre à quel degré les deux sociétés diffèrent. Ces dix-neuf fonctionnaires ne dépendent pas en général les uns des autres. Le comté forme donc le premier centre judiciaire. Voyez la loi du 5 mars 1787, vol. Comment donc parvient-on à conduire la société sur un plan à peu près uniforme ? le deuxième explore davantage les principes de la démocratie, notamment l'égalité de tous et ce qui en découle. Câest ainsi quâaux Ãtats-Unis le pouvoir semble jaloux de se dérober avec soin aux regards. Il peut ne pas faire ce que lui commande la loi. Combien dâhommes exploitent ainsi à leur profit la puissance communale et sây intéressent pour eux-mêmes ! Ce texte de Tocqueville, traite des gouvernements qui, parce quâils ont été élus à la « majorité », ne prennent pas en compte les demandes et les besoins de la minorité. En France, le Gouvernement prête ses agents à la commune. LâÃtat veut-il ouvrir une route, la commune nâest pas maîtresse de lui fermer son territoire. Faut-il entreprendre de tout vérifier ou au contraire y renoncer? Sa découverte de la politique aux États-Unis a conduit Alexis de Tocqueville à rédiger un chef-d'Åuvre intemporel, « De la démocratie en Amérique ». La commune est composée dâéléments grossiers qui se refusent souvent à lâaction du législateur. Box à la Cerise; Cerise en Voyage; Cocktail de beauté; Pensées et souvenirs; Maman Cerise; Notre Paris; Qui est Cerise ? I, p. 219 ; â du 24 février 1796, vol. Presque toute lâadministration proprement dite renfermée dans la commune, et divisée entre les fonctionnaires communaux. II, section I, paragraphe 9 ; chap. Judiciary, Taxesâ¦. Jâai dit quâau Massachusetts les affaires du comté sont dirigées par la cour de sessions. Dans la Nouvelle-Angleterre, la division des rangs nâexiste pas même en souvenir ; il nây a donc point de portion de la commune qui soit tentée dâopprimer lâautre, et les injustices, qui ne frappent que des individus isolés, se perdent dans le contentement général. Le surveillant des routes doit le poursuivre ; et sâil le fait condamner, la moitié de lâamende lui revient. La démocratie américaine, nous dit Tocqueville, est fondée sur labsoluité de la souveraineté populaire. Laws of Massachusetts, vol. Chacun d'eux retiré à l'écart est comme étranger à la destinée de tous les autres ; ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine... Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d'assurer leurs jouissances et de vieiller sur leur sort. Les hommes abandonnent donc la gestion des affaires communesà lâEtat : ils nâont ni le goût ni le temps de sâoccuper de ces choses-là⦠Tocqueville fut un philosophe, homme politique et écrivain français principalement connu pour ses analyses de la Révolution française et de la... .doc â 05 Mars 2004. Le comté nâa donc point, à vrai dire, dâexistence politique. Dans les Ãtats de la Nouvelle-Angleterre, le pouvoir législatif sâétend à plus dâobjets que parmi nous. Il faut bien faire attention quâau Massachusetts, la cour des sessions est tout à la fois un corps administratif proprement dit et un tribunal politique. La patrie a plus de physionomie aux Ãtats-Unis quâailleurs. Alexis de Tocqueville (1835), De la démocratie en Amérique I (première partie) 8 De ce moment j'ai conçu l'idée du livre qu'on va lire. La direction des intérêts communaux est aisée. Un tribunal ne saurait atteindre la conduite dâun fonctionnaire que dans les derniers deux cas. Mais notez la différence : pendant que la démocratie cherche l'égalité dans la liberté, le socialisme cherche l'égalité dans la restriction et la servitude ». Les administrateurs étant partout élus, ou du moins irrévocables, il en est résulté que nulle part on nâa pu introduire les règles de la hiérarchie. Cette existence politique imprime à la société un mouvement continuel, mais en même temps paisible, qui lâagite sans la troubler. Câest dans la commune, au centre des relations ordinaires de la vie, que viennent se concentrer le désir et lâestime, le besoin dâintérêts réels, le goût du pouvoir et du bruit ; ces passions, qui troublent si souvent la société, changent de caractère lorsquâelles peuvent sâexercer ainsi près du foyer domestique et en quelque sorte au sein de la famille. Le pouvoir du magistrat élu est comparativement plus grand et celui de lâélecteur plus petit, lâesprit communal y est moins éveillé et moins puissant37. Quant aux devoirs sociaux, elles sont tenues dây satisfaire. La loi de lâÃtat les charge, par exemple, de former, dans leur commune, les listes électorales ; sâils omettent de le faire, ils se rendent coupables dâun délit. On ne voit pas lâamour de la patrie régner longtemps dans un pays conquis. Ils forment, en certains autres, une espèce de tribunal dâappel pour la décision des affaires41. Il y a peu dâhommes qui, pour obtenir le droit de lâadministrer, consentent à sâéloigner du centre de leurs intérêts et à troubler leur existence. Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique. Pourquoi la commune de la Nouvelle-Angleterre attire les affections de ceux qui lâhabitent. De la corruption et des vices des gouvernants dans la démocratie ; des effets qui en résultent sur la moralité publique. Nous avons dit que le comté26 nâavait quâune existence administrative. La commune est le foyer dans lequel viennent se réunir les intérêts et les affections des hommes. Les actes les plus importants de la vie communale ne se font en général quâavec le concours de lâun dâeux. Droits et devoirs communaux concourant en Amérique à former cet esprit. En Amérique, non seulement il existe des institutions communales, mais encore un esprit communal qui les soutient et les vivifie. Le comté nâa point de représentation, et son budget est voté par la législature nationale. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, tome II, 1re partie, chapitre 16 TTEXTE_p001-256.indd 71EXTE_p001-256.indd 71 119/05/10 10:319/05/10 10:31 . Lorsquâun individu est positivement et actuellement lésé par un délit administratif, lâon comprend, en effet, que lâintérêt personnel garantisse la plainte. Cependant, les droits individuels une fois proclamés et reconnus, ce goût pour la liberté s'est corrompu en passion pour l'égalité, favorisant la diffusion d'un esprit majoritaire et conformiste. Cependant, câest avec grande difficulté quâon les arrache à ces taches individuelles pour les faire venir aux affaires communes. De la Démocratie en Amérique, 4 vols. II, p. 570. Mais la difficulté commence lorsquâil sâagit de faire obéir, non plus la commune, mais les fonctionnaires communaux. Or câest là le point délicat du système. Le comté devient le grand centre administratif et forme le pouvoir intermédiaire entre le gouvernement et les simples citoyens. Jâai choisi lâun des Ãtats de la Nouvelle-Angleterre. Fonctions obligatoires et rétribuées. Extrait de Tocqueville "De la démocratie en Amérique" Les affaires générales d'un pays n'occupent que les principaux citoyens. Ainsi donc, élection des fonctionnaires administratifs, ou inamovibilité de leurs fonctions, absence de hiérarchie administrative, introduction des moyens judiciaires dans le gouvernement secondaire de la société, tels sont les caractères principaux auxquels on reconnaît lâadministration américaine, depuis le Maine jusquâaux Florides. Il y a donc eu presque autant de fonctionnaires indépendants que de fonctions. La démocratie a été analysée en Amérique par le français Tocqueville.Il montre dans De la démocratie en Amérique quâelle nâest pas simplement un désordre conduisant à la dissolution de toute vie sociale saine, contrairement aux préjugés du milieu aristocratique. Ce sont là les principales différences que présente la constitution de la commune et du comté dans les divers Ãtats confédérés. Cette marche est facile à suivre, et se comprend sans peine. 18 Exemple : on nâaccorde de licence quâà ceux qui présentent un certificat de bonne conduite donné par les select-men. Id., chap. 34 Si, par exemple, le trésorier du comté ne fournit point ses comptes. Cette doctrine est universellement admise aux Ãtats-Unis. Chaque habitant est contraint, sous peine dâamende, dâaccepter ces différentes fonctions ; mais aussi la plupart dâentre elles sont rétribuées, afin que les citoyens pauvres puissent y consacrer leur temps sans en souffrir de préjudice. La commune, prise en masse et par rapport au gouvernement central, nâest quâun individu comme un autre, auquel sâapplique la théorie que je viens dâindiquer. Les Américains sâattachent à la cité par une raison analogue à celle qui fait aimer leur pays aux habitants des montagnes. En penseur du XIXe siècle, Tocqueville sâinterroge sur lâaffaiblissement des liens traditionnels dans le nouvel ordre social que représente la démocratie.. Pour lui, la démocratie favorise lâémergence dâun individu émancipé de ses attaches traditionnelles.Celui-ci se préoccupe avant tout de lui-même, de sa famille et amis proches au préjudice de la société dans son ensemble. Chez les nations où règne le dogme de la souveraineté du peuple, chaque individu forme une portion égale du souverain, et participe également au gouvernement de lâÃtat. Les Anglo-Américains ont puisé à une source commune lâinstitution des juges de paix ; on la retrouve dans tous les Ãtats. 43 Il y a plusieurs traces de centralisation administrative au Massachusetts. Les législateurs américains ne montrent que peu de confiance en lâhonnêteté humaine ; mais ils supposent toujours lâhomme intelligent et se reposent donc le plus souvent sur lâintérêt personnel pour lâexécution des lois. Ãlection des fonctionnaires publics ou inamovibilité de leurs fonctions. TABLE DES MATIÈRES. Ils laissèrent la commune dans lâétat où ils la trouvèrent ; maintenant, les communes de la Nouvelle-Angleterre sont sujettes ; mais dans le principe elles ne lâétaient point ou lâétaient à peine. De la démocratie en Amérique (publié en deux livres, le premier le 23 janvier 1835, le second le 24 avril 1840) est un essai écrit en français par Alexis de Tocqueville sur les États-Unis des années 1830, dans lequel il décrit puis analyse le système politique américain, et expose les possibles dérives liberticides de la passion de l'égalité chez les Hommes 6 Tous ces magistrats existent réellement dans la pratique. le premier est centré sur l'Amérique du XIXème siècle et ses institutions, comparativement à celles de la France à la même époque. I, p. 61. â De lâassociation politique aux États-Unis Chapitre V. â Du gouvernement de la démocratie en Amérique Chapitre VI. Alexis de Tocqueville (1805-1859) Né dans une vieille famille de la noblesse de Normandie, il suit des études de droit et devient magistrat en 1827. Il travaille volontiers à leur bonheur mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ! Le système américain, en même temps quâil partage le pouvoir municipal entre un grand nombre de citoyens, ne craint pas non plus de multiplier les devoirs communaux. Voyez The Town Officer, p. 186. Il possède une finesse d'observation et d'analyse immenses. XI, intitulé : Of the powers, duties and privileges of towns. Tocqueville, dans cet extrait de lâouvrage De la Démocratie en Amérique, apporte une solution paradoxale : admettre que lâon ne peut tout démontrer et quâil faut se soumettre à la parole dâautrui sur un simple acte de croyance est en réalité la condition pour faire un bon usage de sa liberté. Nous avions vu quâon en comptait dix-neuf dans la commune de la Nouvelle-Angleterre. Si les select-men refusent de donner ce certificat, la personne peut se plaindre aux juges de paix réunis en cour des sessions, et ces derniers peuvent accorder la licence. La direction des intérêts communaux est aisée. CONTENUES DANS LE PREMIER VOLUME. Il est un second moyen de diminuer lâaction de lâautorité : celui-ci ne consiste pas à dépouiller la société de quelques-uns de ses droits, ou paralyser ses efforts, mais à diviser lâusage de ses forces entre plusieurs mains ; à multiplier les fonctionnaires en attribuant à chacun dâeux tout le pouvoir dont il a besoin pour faire ce quâon le destine à exécuter. Dans la Démocratie en Amérique, Tocqueville nous fait part des observations quâil a pu faire lors de son voyage. On comptait en 1832, 104 communes administrées de cette manière dans lâÃtat de New York (Williamâs Register). La législature nomme les membres de lâuniversité, appelés régents ; le gouverneur et le lieutenant-gouverneur de lâÃtat en font nécessairement partie. Ou bien elle peut charger les tribunaux dâinfliger des peines judiciaires aux contrevenants. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, articles consacrés à Alexis de Tocqueville, https://www.catallaxia.org/index.php?title=Alexis_de_Tocqueville:Un_extrait_de_la_Démocratie_en_Amérique&oldid=3432. 4 Voyez Laws of Massachusetts, vol. La présidence est une haute magistrature à laquelle on ne parvient guère que dans un âge avancé ; et quand on arrive aux autres fonctions fédérales dâun ordre élevé, câest en quelque sorte par hasard, et après quâon sâest déjà rendu célèbre en suivant une autre carrière. Câest pourtant dans la commune que réside la force des peuples libres. I, p. 455. Comment les select-men agissent. Pour faire bien comprendre au lecteur les principes généraux sur lesquels repose lâorganisation politique de la commune et du comté aux Ãtats-Unis, jâai cru quâil était utile de prendre pour modèle un Ãtat en particulier ; dâexaminer avec délai ce qui sây passe, et de jeter ensuite un regard rapide sur le reste du pays. Chacun est le meilleur juge de ce qui ne regarde que lui seul. I, p. 254. Il arrive quelquefois que les fonctionnaires du comté réforment la décision prise par les communes ou par les magistrats communaux18, mais en général on peut dire que les administrateurs du comté nâont pas le droit de diriger la conduite des administrateurs de la commune19. Je suppose quâil sâagit dâétablir une école ; les select-men convoquent à certain jour, dans un lieu indiqué dâavance, la totalité des électeurs ; là , ils exposent le besoin qui se fait sentir ; ils font connaître les moyens dây satisfaire, lâargent quâil faut dépenser, le lieu qui convient de choisir. Si on lui avait donné des agents dans chaque commune, on centralisait dans ses mains le plus redoutable des pouvoirs, celui dâadministrer judiciairement. Quâon y prenne bien garde, un pouvoir électif qui nâest pas soumis à un pouvoir judiciaire échappe tôt ou tard à tout contrôle, ou est détruit. Le premier est dâaffaiblir le pouvoir dans son principe même, en ôtant à la société le droit ou la faculté de se défendre en certains cas : affaiblir lâautorité de cette manière, câest en général ce que lâon appelle en Europe fonder la liberté. Tocqueville dénonce dans cet extrait célèbre de son De la démocratie en Amérique une des dérives graves qui peut affecter la démocratie, dont lâavènement est en marche dans ce XIXe siècle européen : la tyrannie de la majorité sur la minorité, qui peut passer par les voies insidieuses du conformisme intellectuel. On trouve de loin en loin, dans les lois de lâÃtat de New York, des dispositions analogues à celles que je viens de citer comme exemples. Laws of Massachusetts, vol. Alexis de Tocqueville. Le pouvoir existe, mais on ne sait où trouver son représentant. and pub. En partageant ainsi lâautorité, on rend, il est vrai, son action moins irrésistible et moins dangereuse, mais on ne le détruit point. 40 Exemple : la direction de lâinstruction publique est centralisée dans les mains du gouvernement.
Hélène Berr Résumé,
Replay France 3 Nouvelle-aquitaine,
Musée Des Beaux-arts Angers Recrutement,
Business Model Michelin,
Hélène Berr Résumé,
Nicole Calfan Jérémy Minui,
Badr Hari Palmarès,
38 Rue Riquet 31000 Toulouse,